L'essentiel

L’anxiété est un symptôme fréquent de l’adolescence, toute la difficulté consiste à en identifier le seuil pathologique afin de les prendre en charge de façon adaptée. L’état dépressif ne doit pas être confondu avec la déprime. Cet état relève de critères caractérisés. Les passages à l’acte sont des alertes qui doivent être évaluées rapidement et précocement. Le risque suicidaire est un des risques majeurs parmi ces comportements. Il est favorisé par l’impulsivité. Le test BITS permet de s’en faire une idée rapidement.

En savoir plus

Situer le mal-être

Taux des différents niveaux de mal être
(population des ados de 3° et 2°)
Taux des différents niveaux de mal être (population des ados de 3° et 2°)
La clinique du mal-être à l'adolescence est peu spécifique. D'une manière générale, il existe une véritable dysrégulation de la thymie. On voit se succéder à des intensités variables des périodes de crises de larmes avec repli et ennui. A d'autres périodes on constate des moments d'exaltation et d'excitation avec l'impulsivité comme particularité essentielle.

Le mal-être anxieux

L'anxiété est l'une des émotions les plus fréquentes à l’adolescence. Elle prend de multiples formes et intensités allant de l'inquiétude à l'attaque de panique en passant par l'angoisse chronique ou les phobies sociales. L'apparition d'une comorbidité ou d'une chronicisation doit alerter car le risque évolutif est alors sérieux en l'absence de traitement. La stratégie est délicate car il convient de respecter le travail maturatif et ne pas traiter par excès une anxiété passagère. Cette anxiété prend la plupart du temps des aspects détournés. Ce sont des plaintes floues, plutôt internalisées dans le repli chez les filles et plutôt externalisées et « bruyantes » chez les garçons. Les deux sexes se retrouvant sur des consommations à risque : tabac et médicaments plutôt chez les filles, cannabis et alcool plutôt chez les garçons. On sera attentif aux transformations de cette angoisse en phobies sociales, scolaire et dysmorphophobies, inhibitions, replis et troubles obsessionnels compulsifs.

Le mal-être dépressif :

Il est nécessaire de distinguer :
  • Tristesse et morosité :C'est un état labile fait d'ennui plus ou moins profond avec survenue de crises de larmes à l'occasion d'événements mineurs.
  • Crise anxio-dépressive :C'est l'irruption de pensées à la fois anxiogènes et tristes voire dépressives qui s'accompagnent volontiers de troubles du sommeil et de l'alimentation.
  • Episode dépressif majeur :C'est le syndrome dépressif classique fait de souffrance morale, perte d'intérêt et de concentration, idées culpabilisantes, dévalorisantes et suicidaires, asthénie chronique, et troubles du sommeil et du comportement alimentaire. La particularité adolescente est dans l'absence de plainte dépressive et la fréquence de l'irritabilité et de la colère.
  • Dépressivité ou dysthimie :C'est la mise au premier plan des conduites défensives et de déni : conduites et consommations à risques, état conflictuel chronique, échec scolaire. Dans ces formes la comorbidité est particulièrement importante
Liens :
  • Mesurer un état dépressif grâce à un questionnement simple inspiré du MINI et de l’ADRS
  • ADRS
  • Et pour aller plus loin les Recommandation HAS

Les éléments d'alerte

La consultation de l’adolescent permet de situer ce dernier dans son environnement personnel, familial et communautaire et d’appréhender son mode de fonctionnement. En effet, il existe un ensemble de facteurs de risques qui, lorsqu’ils sont présents, doivent faire prendre conscience au médecin généraliste d’un risque accru de survenu de troubles mentaux, émotionnels et comportementaux (notamment un risque de dépression, d’anxiété, d’abus de substance, de schizophrénie et de trouble du comportement). Vous les trouverez dans le document ci-joint. Au contraire, il existe également des facteurs protecteurs qui, eux, lorsqu’ils sont présents, peuvent rassurer le praticien. Et que vous trouverez dans le document ci-joint. Un questionnaire plus complet peut servir éventuellement en consultation courante afin de dépister des éléments d’alerte. La spécificité du mal-être à l'adolescence est l'impulsivité qui provoque la précipitation des actes et leur imprévisibilité. Devant tout symptôme comportemental, il convient d’acquérir un réflexe d'évaluation de la gravité. L’acronyme CPIRE est un moyen mnémotechnique d’évaluation rapide des caractéristiques principales du symptôme d’alerte : Une approche rapide d’évaluation du risque suicidaire est de réaliser le BITS Test.

Références :

ALVIN-MARCELLI médecine de l'adolescence. Coll pour le praticien édition MASSON p 97 à 109"

Binder Ph. « Tabac, cannabis et investissements relationnels à l’adolescence. Enquête épidémiologique sur 3800 adolescents » - La Revue du praticien – Médecine Générale – Tome 17 – n° 607 – p. 428 à 434 - mars 2003.

REVAH-LEVY A, BIRMAHER B, GASQUET I, FALISSARD B. The Adolescent Depression Rating Scale (ADRS) : a validation study. BMC Psychiatry – 12 january 2007, 7:2

Haute Autorité de Santé. Recommandations de bonne pratique. Manifestations dépressives à l’adolescence. Repérage, diagnostic et stratégie des soins de premier recours. Paris: HAS; nov 2014.