L'essentiel

Les conduites à risques des adolescents sont à l’origine d’une augmentation de la morbi-mortalité (lors de l’adolescence et à l’âge adulte). Cette dernière peut être réduite par une prise en charge précoce par les professionnels de santé. La prise en charge de la crise suicidaire chez l’adolescent a été abordée par l’HAS en 2000 dans une conférence de consensus toujours d’actualité puis en 2014 dans la mise au point des recommandations sur la prise en charge des manifestations dépressives de l’adolescent.

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Ensemble des recommandations

    Parmi l'ensemble des recommandations de la conférence de consensus de l’ANAES des 19 et 20 octobre 2000 on retiendra essentiellement :
  • Pour tous, «de ne pas hésiter à questionner le patient sur ses idées de suicide » .
  • De développer des outils de repérage adaptés et des instruments d’aide à la décision spécifiquement destinés aux généralistes.
    En ce qui concerne l'action des médecins généralistes le jury recommande :
  • Une meilleure formation des médecins généralistes au repérage des éléments de gravité de la crise suicidaire et aux modalités de prise en charge en articulation avec leurs partenaires des réseaux locaux.
  • Une formation plus spécifique centrée sur l’écoute active de la souffrance psychique et sur la nécessité d’impliquer la famille ou l’entourage dans la prise en charge des patients en crise. Une expérience de formation sur le modèle de Gotland devrait être organisée.
  • Favoriser l’acceptation et la compliance à un suivi spécialisé du sujet et de son entourage lorsqu’une pathologie psychiatrique est dépistée ou soupçonnée. Dans un certain nombre de cas cela suppose une plus grande disponibilité des ressources psychiatriques ambulatoires, ce qui implique une démographie psychiatrique suffisante et une meilleure complémentarité de fonctionnement du public et du privé.
  • Une meilleure connaissance des dispositifs sociaux existants et une meilleure utilisation de l’accompagnement qu’ils proposent. Ceci suppose l’amélioration de la disponibilité de ceux-ci.
  • L’établissement d’instruments d’aide à la décision spécifiquement destinés aux généralistes.

Prise en charge des manifestations dépressives

Concernant la prise en charge des manifestations dépressives de l’adolescent, l’HAS a déterminé deux niveaux d’objectifs de soin 

    1er niveau : l’urgence et à court terme :
  • Traiter la crise suicidaire, éclaircir la situation, contenir, protéger .
  • Prévenir le risque suicidaire .
  • Diminuer la symptomatologie dépressive et préparer la rémission .
  • Améliorer le fonctionnement relationnel et éviter la rupture scolaire .
    2ème niveau : à moyen et long terme
  • Favoriser la reprise développementale, lutter contre les vulnérabilités et favoriser la résilience à l’âge adulte .
  • Consolider la réponse, limiter les rechutes et les récidives .
  • Améliorer le fonctionnement psychique, comportemental et relationnel .
Mettre en place la prévention secondaire : consolider le développement et favoriser les investissements positifs
    Il est également recommandé d’aider l’adolescent à :
  • Donner du sens à ses symptômes.
  • Restaurer les liens avec ses proches et son environnement.
  • S’intégrer, si nécessaire, dans un parcours de soins avec les autres professionnels de santé.
L’HAS précise que « le temps passé à l’établissement de ces liens est constitutif des soins ».

Références :

ANAES. La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge. Conférence de consensus du 19 et 20 octobre 2000. Amphithéâtre Charcot. La Pitié Salpêtrière. PARIS. ANAES 159 rue Nationale 75640 PARIS

Haute Autorité de Santé. Recommandations de bonne pratique. Manifestations dépressives à l’adolescence. Repérage, diagnostic et stratégie des soins de premier recours. Paris : HAS; nov 2014.

Rihmer Z, Rutz W, Pihlgren H. 1995. Depression and suicide on Gotland. An intensive study of all suicides before and after a depression-training programme for general practitioners. Journal of Affective Disorders, 35 : 147-152

Tudrej BV, Heintz AL, Ingrand P, Gicquel L, Binder P. What do troubled adolescents expect from their GPs? Eur J Gen Pract. 2016 Dec;22(4):247-254.