L'essentiel

    Le temps de consultation doit permettre d’atteindre 4 objectifs fondamentaux à l’origine de l'ancrage d'une relation médecin-adolescent :
  • Favoriser l’expression.
  • Etablir une relation de soin « confortable »
  • Améliorer la représentation du corps et l'estime de soi.
  • Susciter une diversité de solutions.

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Quatre attitudes fondamentales

Si beaucoup d'adolescent consultent, chacun le fait finalement peu, mais chaque généraliste voit en moyenne un jeune entre 12 et 20 ans chaque jour de travail. Il y a là un gisement de prévention remarquable. Cependant, à propos des comportements suicidaires et plus généralement du mal-être des adolescents, les référentiels actuels s'attachent essentiellement à décrire la gestion des crises aiguës où domine invariablement la nécessité de transfert en milieu hospitalier spécialisé. Mais dans le travail quotidien d'un généraliste, la fréquence de la crise suicidaire aigüe de l'ado est très rare, moins d'une fois par an. Par contre ces situations dramatiques ont presque toujours été précédées d'éléments d'alerte et, d'autre part, les périodes de mal-être touchent une bonne partie des adolescents (24% des 15-16 ans ont par exemple des signes de dégressivité ou de dépression). Or peu de travaux abordent l'amont de la crise et encore moins décrivent les attitudes adéquates de dépistage ou les modes d'intervention précoce. Une consultation avec un adolescent ne va pas de soi. Souvent, son enjeu dépasse le motif présenté. Les jeunes attendent prioritairement de leur médecin généraliste qu’il respecte la confidentialité, qu’il ne juge pas et qu’il pose les bonnes questions. Ces attitudes doivent favoriser l’atteinte des objectifs suivant : 1- Favoriser l’expression en aménageant plus de liberté de parole et d'action :

Il s’agit d’être attentif aux différents codes, attitudes, tenues et langage, sans pour autant singer ceux du jeune. En cas d’incompréhension, la relation bénéficiera d’une demande d’explications qui ne manquera pas de valoriser l’interlocuteur.

2- Etablir une relation de soin « confortable » où l'adolescent trouve plus d'autonomie, et de sécurité :

C’est une atmosphère à l’opposé de la familiarité qui angoisse ou du jugement qui « casse ». A cet égard le choix du tutoiement ou du vouvoiement n’est jamais anodin. Son intérêt est de rester un moyen pour garder la bonne distance.

3- Améliorer la représentation du corps et l'estime de soi :

C’est favoriser chez l’adolescent l’approbation et l’appropriation de son corps puis l'intérêt d'en prendre soin. Il s’agit de rassurer sur la « normalité » ou la compréhension du symptôme avant d’aborder l’éventuel mal-être sous-jacent.

4- Susciter une diversité de solutions possibles à la mesure de ses capacités :

Devant les difficultés l’adolescent réagit avec des conceptions binaires qui conduisent à des impasses. L’aider c’est augmenter ses choix possibles.

La méthode proposée est simple et applicable lors de toute consultation en médecine générale. Comment repérer : des clés universelles

Références :

Tudrej BV, Heintz AL, Ingrand P, Gicquel L, Binder P. What do troubled adolescents expect from their GPs? Eur J Gen Pract. 2016 Dec;22(4):247-254.